Renard partage les jambons avec Hermeline et ses enfants et il se repose quelques jours.
Il ne chassera pas, mais le troisième jour il va se promener. Sa jolie queue bat l’air. Le poil brille. Il y a longtemps qu’il n’a pas éte si gras. Il est heureux et de plus en plus content de lui.
Après avoir traversé les bois, il arrive à un champ et à une prairie. Au milieu de la prairie il y a une mare, et derrière l’eau, une cour et une petite ferme.
Renard la connaît bien et il sait qu’il y a dans le jardin des arbres, des poules, des poulets et des canards. C’est plus fort que lui, il faut qu’il aille sentir toutes ces petites bêtes.
Elles sont défendues par un mur très haut et jamais encore Renard n’a pu entrer. “Ce n’est pas juste, pense-t-il, que ce gros fermier ait tout cela pour lui. Je trouverai bien un jour le moyen d’aller voir.”
Renard, une fois de plus, tourne autour du mur. “Tiens! remarque-t-il, les chiens sont sortis aujourd’hui. Je vais entrer dans le jardin. Je ne connais pas ce côté-là de la maison.”
De ce côté-là, justement, des pierres du mur sont tombées depuis peu et Renard voit qu’il pourrait entrer. Oui, mais si les chiens reviennent?
Renard ne sait pas quoi faire. Il reste un long moment caché, les pattes tendues, sous les branches d’arbre. Il sent les poules et il a envie de les manger.
Mais il y a les chiens et le fermier. Peut-être sont-ils tout près? Il faudrait savoir…
Les pattes lui font mal, il sent qu’il ne peut plus attendre. C’est plus fort que lui. Cinq minutes plus tard, il saute le mur et il se retrouve couché au milieu des légumes.
Les poules l’ont entendu. Elles se sauvent. À ce moment, Chantecler, le coq, les plumes relevés, le cou tendu, arrive. Il rencontre les poules et leur demande pourquoi elles ont peur.
Pinte, son ami la plus belle, lui répond:
“Une bête jaune a sauté le mur.

Chantecler
Ce n’est pas possible. Le mur est trop haut.

Pinte
Je ne l’ai pas vue. Elle est tombée comme un éclair, mais les feuilles de légumes là-bas ont remué.

Chantecler
Vous avez mal vu, ma belle amie. Renard n’oserait pas entrer. N’ayez pas peur et suivez-moi.

Pinte
Cot! cot! cot! Faites ce que vous voudrez. Moi je ne vous suis pas.

Chantecler
Je vous battrai.

Pinte
Vous savez bien que j’aime ça.

Chantecler ne répond pas et continue son chemin. Mais il n’est pas très courageux et il saute sur un toit. Pendant un moment, il regarde de droite et de gauche et chante.
Le soleil est chaud. Bientôt Chantecler ferme un œil, puis l’autre. Il rêve: Un animal arrive, lui jette un sac sur la tête et lui serre le cou. Il se réveille en criant: “ Mon Dieu, défendez-moi!” Puis il appelle Pinte.
“Pinte, lui dit-il, je ne te cacherai pas. J’ai rêvé qu’une méchante bête voulait me tuer.”

Pinte
Vous ressemblez au chien qui crie avant d’avoir reçu la pierre qu’on va lui jeter.

Chantecler
Ma bonne amie, je ne veux pas qu’on me parle de cette façon.

Pinte
Vous avez raison d’avoir peur, je vous avez prévenu, mais vous n’avez pas voulu me croire: Renard est entré et il est caché dans les légumes.
Les dents qui vous mordaient dans votre rêve sont ses dents et vous allez bientôt les sentir.

Chantecler
Ma bonne amie, vous êtes folle. Il n’y a pas de Renard ici. S’Il y en avait un, moi, Chantecler, je l’aurais vu!

Pinte
Je vous ai parlé comme une vraie amie.

Chantecler
Allez! Retournez avec vos sœurs. Vous êtes une sotte. “

Et Chantecler se rendort.