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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2006-10-23 | [Этот текст следует читать на // Русском francais] | Submited by Guy Rancourt
« Ah! Laissez-moi crier, crier, crier …
Crier à m’arracher la gorge! Crier comme une bête qu’on égorge, Comme le fer martyrisé dans une forge Comme l’arbre mordu par les dents de la scie, Comme un carreau sous le ciseau du vitrier… Grincer, hurler, râler. Peu me soucie Que les gens s’en effarent. J’ai besoin De crier jusqu’au bout de ce qu’on peut crier. Les gens? Vous ne savez donc pas comme ils sont loin Comme ils existent peu, lorsque vous supplicie Cette douleur qui vous fait seul au monde? Avec elle on est seul, seul dans sa geôle Répondre? Non. Je n’attends pas qu’on me réponde. Je ne sais même pas si j’appelle au secours Si même j’ai crié, crié comme une folle Comme un damné toute la nuit et tout le jour Cette chose inouïe, atroce, qui vous tue Croyez-vous qu’elle soit Une chose possible à quoi l’on s’habitue Cette douleur, mon Dieu, cette douleur qui tue Avec quel art cruel de supplice chinois Elle montait, montait à petits pas sournois Et nul ne la voyait monter, pas même toi Confiante santé, ma santé méconnue C’est vers toi que je crie, ah c’est vers toi, vers toi! Pourquoi, si tu m’entends n’être pas revenue? Pourquoi me laisser tant souffrir, dis-moi pourquoi Ou si c’est ta revanche et parce qu’autrefois Jamais, simple santé, je ne pensais à toi? » (Sabine Sicaud, Les poèmes de Sabine Sicaud, Paris, Stock, 1958)
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