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Histoire de mon oncle
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по [Alphonse_Poitras_ ]

2011-08-25  | [Этот текст следует читать на // Русском francais]    |  Submited by Adriana Gheorghiu



Il y a longtemps de cela; c'était du temps des voyageurs, du temps que, tous les ans, il partait de nos villes et de nos campagnes un essaim de jeunes Canadiens pour les pays d'en haut. Alors tous les jeunes gens qui avaient l'esprit et les goûts tant soit peu tournés du côté des aventures, s'engagaient à la société du Nord-Ouest. Après quelques jours de fête pour s'étourdir sur les travaux et les privations qui les attendaient, ils disaient un dernier adieu à leurs parents et à leurs amis, et partaient. L'amour aussi, pour plusieurs, était la cause de ces longs et pénibles voyages sur nos fleuves et à travers nos épaisses forêts de l'Ouest. Celui-ci, maltraité par sa maîtresse, allait, le désespoir au coeur, se venger de son malheureux destin sur le castor, la martre et l'orignal, qui peuplaient alors les bords de nos lacs et de nos rivières. Celui-là, plus heureux dans ses amours, mais disgracié par la fortune, allait passer quelques années dans le Nord-Ouest et revenait avec des épargnes suffisantes pour réaliser ses plus douces espérances.
L'ancien marché de Montréal, les auberges avoisinantes étaient les rendez-vous de cette jeunesse vigoureuse. après avoir entamé et, quelquefois même, épuisé les avances qu'ils recevaient, et après d'être munis d'un couteau de poche, d'un briquet et d'une ceinture fléchée (ce dernier article était indispensable), nos jeunes voyageurs partaient, en chantant, pour se rendre à Lachine, le coeur gros d'amour, de larmes et d'espérances. Là, on s'embarquait en canot, et comme le chant donne de la force et du courage, rend plus heureux encore ceux qui le sont déjà, et berce dans de douces rêveries ceux qui n'ont pas le coeur à rire, on entonnait la vieille romance, À la claire fontaine. De ces temps-là datent toutes nos jolies chansons de voyageurs, ces romances, ces complaintes qui, pour manquer quelquefois de rime et de mesure, n'en sont pas moins des plus poétiques. L'on n'était pas seulement poète alors, l'on était aussi musicien. Eh ! quoi de plus gracieux, de plus naïf que tous ces airs de nos chansons de voyageurs. À la claire fontaine, Derrière chez ma tante, En roulant ma boule, roulant ! Nombre d'artistes européens s'en feraient honneur à cause de leur simplicité et de leur naturel.
Nos voyageurs voguaient toute la journée, prenant l'aviron chacun son tour. Le soir arrivé, on abordait dans la première petite anse venue, l'on faisait du feu et l'on suspendait la marmite à un arbre. Après le repas, qui se composait de lard salé et d'un biscuit sans levain, chacun allumait sa pipe, et ceux d'entre les voyageurs qui avaient déjà fait la même route, racontaient aux jeunes conscrits leurs aventures. L'un, exactement à la même place où l'on allait passer la nuit, avait vu, un an auparavant, un serpent plus ou moins gros, selon que son imagination le lui avait plus ou moins grossi. L'autre avait vu, à l'entrée de la forêt, un animal d'une forme extraordinaire, comme il ne s'en était jamais vu et comme il ne s'en verra probablement jamais; un autre, et c'était pis encore, avait vu, au milieu de la nuit, par un beau clair de lune, et il ne dormait certainement pas, un homme d'une taille gigantesque, traversant les airs avec la rapidité d'une flèche. Venaient ensuite des histoires de loups-garous, de chasse-galerie, de revenants, que sais-je? et mille autres histoires de ce genre. Ce qui ne contribuait pas peu à disposer les plus jeunes voyageurs à en voir autant, et plus s'il eût été possible.
D'ailleurs, tout dans ces expéditions lointaines tendait à leur exagérer les choses et à les rendre superstitieux. La vue de ces immenses forêts vierges avec leurs ombres mystérieuses, l'aspect de nos grands lacs qui ont toute la majesté de l'Océan, le calme et la sérénité de nos belles nuits du Nord, jetaient ces jeunes hommes, la plupart sans instruction, dans un étonnement, dans un vague indéfinissable, qui exaltaient leurs imagination et leur faisaient tout voir du côté merveilleux.
Pourtant, quant à ce que je vais vous conter, vous lui donnerez le titre que vous voudrez; vous le nommerez histoire, conte ou légende, peu importe, le nom d'y fait rien, mais ne doutez pas de la véracité du fait: mes auteurs étaient incapables de mentir. Voici ce que mon oncle, vieux voyageur, me racontait, il y a quelque dix ans, et ce qu'affirmait un de ses amis en ma présence, comme vous le verrez plus tard. C'est mon oncle qui parle:
C'était par une belle soirée du mois de mai; l'hivernement était terminé. Nous venions de laisser l'Outaouais et nous entrions dans la rivière des Prairies; nous n'étions qu'à quelques milles de chez mon père, où je me proposais d'arrêter un moment, avec mes compagnons, avant d'aller à Québec où nous descendions plusieurs canots chargés des plus riches pelleteries et d'ouvrages indiens que nous avions eus en échange contre de la poudre, du plomb et de l'eau-de-vie. Comme il n'était pas tard et que nous étions passablement fatigués, nous résolûmes d'allumer la pipe à la première maison et de nous laisser aller au courant jusque chez mon père. à peine avions-nous laissé l'aviron que nous apercevons sur la côte une petite lumière qui brillait à travers trois ou quatre vitres, les seules qui n'avaient pas encore été remplacées par du papier. Comme habitant de l'endroit, l'on me députe vers cette petite maison pour aller chercher un tison de feu. Je descends sur le rivage et je monte à la chaumière. Je frappe à la porte, on ne me dit pas d'entrer; cependant j'entre. J'aperçois sur le foyer, placés de chaque côté de la cheminée, un vieillard et une vieille femme, tous deux la tête appuyée dans la main et les yeux fixés sur un feu presque éteint qui n'éclairait que faiblement les quatre murs blanchis de cette maison, si toutefois l'on pouvait appeler cela maison. Je fus frappé de la nudité de cette misérable demeure. Il n'y avait rien, rien du tout, ni lit ni table, ni chaise. Je salue aussi poliment que me le permettait mon titre de voyageur des pays d'en haut ces deux personnages à figures étranges et immobiles; politesse inutile, on ne me rend pas mon salut, on ne daigne seulement pas lever la vue sur moi. Je leur demande la permission d'allumer ma pipe et de prendre un petit tison pour mes compagnons qui étaient sur la grève: pas plus de réponse, pas plus de regards qu'auparavant. Je ne suis ni peureux, ni superstitieux; d'ailleurs, j'avais déjà eu des aventures de cette nature dans le nord; eh bien! n'eût été la honte de reparaître devant mes compagnons sans feu, eux qui avaient vu et qui voyaient encore la petite fenêtre éclairée, je crois que j'aurais gagné la porte et que je me serais enfui à toutes jambes, tant étaient effrayantes l'immobilité et la fixité des regards de ces deux êtres. Je rassemble, en tremblant, le peu de force et de courage qui me restaient, je m'avance vers la cheminée, je saisis un tison par le bout éteint et je passe la porte. chaque pas qui m'éloignait de cette maudit cabane me semblait un poids de moins sur le coeur. Je saute dans mon canot avec mon tison et le passe à mes compagnons, sans souffler mot de ce qui venait de m'arriver: on eût ri de moi. Chose étrange! le feu ne brûlait pas plus leur tabac que si c'eût été un glaçon.
— Nom de Dieu! dit l'un d'eux, que signifie cela? ce feu-là ne brûle pas.
J'allais leur raconter ma silencieuse réception à la cabane, sans craindre de trop faire rire de moi, puisque le feu que j'en rapportais ne brûlait pas, du moins le tabac, lorsque tout à coup la petite lumière de la cabane éclate comme un incendie immense, disparaît avec la rapidité d'un éclair et nous laisse dans la plus profonde obscurité. Au même instant, on entend des cris de chats épouvantables; deux énormes matous, aux yeux brillants comme des escarboucles, se jettent à la nage, grimpent sur le canot, et cela toujours avec les miaulements les plus effrayants. Une idée lumineuse me traverse la tête:
— Jette-leur le tison, criai-je à celui qui le tenait; ce qu'il fait aussitôt. Les cris cessent, les deux chats sautent sur le tison et s'enfuient vers la cabane où la petite lumière avait reparu.
Mon oncle avait vingt fois raconté ce fait devant sa famille et devant beaucoup d'autres personnes, mais autant il l'avait raconté de fois, autant il avait trouvé d'incrédules.
Vingt ans après cette aventure, j'étais en vacances chez mon oncle, à la Rivière-des-Prairies: c'était dans le mois d'août; lui et moi nous fumions sur le perron de sa maison blanche à contrevents verts. Un cajeu venait de s'arrêter à la côte. Un homme d'une cinquantaine d'années, à figure franche et joviale, venait de laisser le cajeu; il s'en vient droit à nous, et demande à mon oncle, en le tutoyant et en l'appelant par son nom de baptême, comment il se portait.
— Bien, lui dit mon oncle, mais je ne vous reconnais pas.
—Comment, dit l'étranger, tu ne te rappelles pas Morin.
À ce nom, comme s'il se fût réveillé en sursaut, mon oncle fait un pas en arrière, puis se jette au cou de Morin. Tout ce que peuvent faire deux amis de voyage qui ne se sont pas vus depuis vingt ans, se fit. Il va sans dire que Morin soupa et coucha à la maison. Durant la veillée, pendant que les deux vieux voyageurs étaient animés à parler de leur jeunesse et de la misère qu'ils avaient eue dans le Nord-Ouest, mon oncle s'arrête tout à coup:
— Ah! Morin, dit-il, pendant que j'y pense, il y a assez longtemps que je passe pour un menteur, conte à la compagnie ce qui nous est arrivé en telle année, te le rappelles-tu?
— Ma foi, oui, dit Morin, je me le rappellerai toute ma vie. Et Morin rapporta à la compagnie et devant moi, sans augmentation ni diminution, le fait au moins surnaturel que je vous ai narré. D'où je conclus qu'il ne faut jamais jurer ni douter de rien.

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